Tensions au travail, critiques fréquentes ou commentaires blessants: s’agit-il de signes de mobbing au travail ? Découvrez dans cet article des indications importantes pour analyser la situation ainsi que des conseils pour la suite.
Entre 4,4 % et 7,6 % des actifs suisses sont ou ont déjà été concernés par le harcèlement moral sur leur lieu de travail. Ce sont les données communiquées en 2023 par le Bulletin des médecins suisses concernant les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) et du Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Dans ce cadre, il n’est pas toujours facile d’établir une distinction claire entre les « conflits personnels » et le « mobbing », ou harcèlement moral, et d’affirmer qu’il s’agit d’une atteinte à l’intégrité personnelle.
On parle de mobbing lorsqu’il est porté atteinte à la dignité d’une personne de manière répétée (environ une fois par semaine) et pendant plus de six mois. Il n’existe cependant aucune définition internationalement reconnue du terme « mobbing ». Toutefois, les spécialistes définissent souvent le mobbing au travail par les critères suivants :
Les points mentionnés proviennent de la brochure intitulée « Mobbing et autres formes de harcèlement – Protection de l’intégrité personnelle au travail » du SECO (2024/2026, p. 7). Pour rendre ses décisions, le Tribunal fédéral s’appuie sur les critères principaux de cette check-list du « Mobbing au travail ».
On ne peut parler de harcèlement moral à la moindre confrontation ou critique. D’autre part, considérés isolément, les actes de mobbing individuels ne représentent souvent pas un écart de conduite grave et donnent lieu à diverses interprétations. Une approche globale de la situation est indispensable pour y déceler une forme de mobbing.
Outre des attaques psychiques, le mobbing peut parfois même mener à des agressions physiques ou à du harcèlement sexuel au travail : plaisanteries vulgaires, contacts physiques prétendument accidentels, comportement envahissant et agressif, et violence.
Il existe différentes formes de mobbing au travail. Outre les brimades classiques entre collègues d’un même niveau hiérarchique, le harcèlement moral peut aussi s’exprimer entre des niveaux différents : on parle alors de bossing (du haut vers le bas) ou de staffing (du bas vers le haut).
Le bossing désigne le harcèlement moral exercé par des supérieur·e·s hiérarchiques sur leurs collaborateurs ou collaboratrices. Voici quelques exemples de harcèlement moral sur le lieu de travail exercé par le ou la responsable hiérarchique :
Le staffing désigne quant à lui le harcèlement moral exercé sur le lieu de travail par des employé·e·s contre leurs supéri eur·e·s. Les responsables hiérarchiques jeunes et inexpérimenté·e·s ainsi que les membres de l’équipe en sont des cibles privilégiées. Parfois, les rôles sont intervertis dans le cadre de cette forme de mobbing au travail. Par exemple :
Les recherches sur le mobbing présentent souvent les éléments suivants pour expliquer le harcèlement :
Oui, le mobbing au travail a des conséquences : le manque de respect et d’équité et d’autres tactiques de harcèlement sont néfastes pour la santé physique et mentale des personnes concernées. Par ailleurs, les victimes de mobbing tentent bien souvent de faire face à cette situation éprouvante pendant trop longtemps. Elles ne cherchent de l’aide auprès de professionnels pour se défendre contre le harcèlement moral au travail que lorsque de graves problèmes de santé surviennent.
La médecine rassemble les conséquences du mobbing sur la santé sous le terme du « syndrome du mobbing » :
Stade 1 : Réactions aiguës à un facteur de stress
La contrainte psychique ou physique prend la forme de divers mécanismes de gestion. L’irritabilité, une attitude défensive ou un repli sur soi, une perte de motivation et un comportement passif en sont des signes.
Stade 2 : Trouble de stress traumatique cumulatif
Un mal-être général, des maux de tête et des tensions, une nervosité, des troubles du sommeil accompagnés de bouffées de chaleur et des troubles de la mémoire font partie des critères de ce syndrome à ce stade. De plus, les personnes concernées développent souvent une réaction d’angoisse face aux formes d’hostilité ou de décisions prises par des tiers.
Stade 3 : Syndrome de stress post-traumatique (SSPT)
Voici quelques symptômes du SSPT dû au mobbing : flashbacks et réminiscence des événements traumatiques survenus, cauchemars, apathie, retrait de la vie sociale, peur ou dépression.
Stade 4 : Modification durable de la personnalité
Les contraintes extrêmes auxquelles les victimes de mobbing sont soumises peuvent leur faire développer un trouble de la personnalité (TP) anxieux, un TP paranoïaque ou un TP obsessionnel.
Pour les personnes qui font face à une injustice personnelle ou sont soumises à du stress trop longtemps, le harcèlement moral au travail entraîne souvent à la fois des conséquences mentales et des conséquences physiques (stade 2, cf. section ci-dessus sur le « syndrome du mobbing »). Les conséquences physiques sont notamment des maux de tête, de dos ou de ventre. Les conséquences psychiques peuvent prendre la forme d’un burn-out causé par le mobbing ou d’une dépression ainsi que d’une baisse de l’estime de soi.
Même si la tête ne veut pas céder, le corps finit par tirer la sonnette d’alarme. Du point de vue médical, l’arrêt maladie à cause du mobbing au travail est permis. Cependant, une étude publiée en 2022 par WorkMed, un centre de compétences en psychiatrie de Bâle-Campagne, révèle les éléments suivants : un long traitement et une incapacité de travail prolongée permettent rarement d’améliorer les conflits sur le lieu de travail.
La durée de l’arrêt maladie n’a souvent aucune importance. Même lorsque la personne concernée ne revient au bureau qu’au bout de 218 jours – durée moyenne d’un congé maladie pour les personnes atteintes d’un trouble psychique –, la démission reste souvent la seule issue possible à la crise.
Vous vous demandez comme agir face au harcèlement moral au travail ?
Notre conseil : réagissez rapidement.
Certaines remarques ou certains agissements dans votre environnement de travail font-ils naître chez vous des émotions négatives ? Prenez-les au sérieux et commencez à noter ces moments : les agissements, les remarques et ce qu’ils déclenchent en vous. Prenez soin de votre santé et pratiquez davantage d’exercices de gestion du stress.
Les expertes et les experts recommandent d’aborder le problème le plus tôt possible avec l’autre partie au conflit. Peut-être s’agit-il d’un simple malentendu ? Si la discussion en tête-à-tête ne permet pas d’améliorer la situation, passez à l’étape suivante : adressez-vous à votre responsable hiérarchique. S’il manque la confiance ou que vous n’en avez pas le courage, vous pouvez vous tourner vers les RH ou vers un service de conseil spécialisé.
L’objectif d’un service de conseil spécialisé est d’analyser la situation de manière confidentielle et discrète, de trouver des solutions et de planifier la suite. Le Case Management, les mentors et coachs en entreprise, les psychothérapeutes, les avocats, le service RH de l’entreprise ou la gestion de la santé en entreprise ainsi que certains services externes spécialisés en harcèlement s’y prêtent particulièrement bien. Trouver du soutien dans la sphère privée peut également s’avérer positif.
Adressez-vous à une personne de confiance et parlez-lui de la situation. Contactez le ou la responsable hiérarchique de la personne par qui vous vous sentez harcelé·e. Entreprenez des démarches juridiques. Et pour terminer, demandez-vous si démissionner est la seule issue possible.
En Suisse, divers services spécialisés viennent en aide aux victimes de harcèlement moral au travail.
Suisse alémanique
Centre spécialisé Mobbing et harcèlement (pour les personnes concernées) :
fachstelle-mobbing.ch
Centre spécialisé Mobbing et harcèlement (pour les employeurs) :
fachstelle-mobbing.ch
Service spécialisé pour la résolution des conflits et la prévention du mobbing :
mobbing-beratung.ch
Toute la Suisse
Points de contact et services de conseil par canton : mobbing-zentrale.ch
La spécialiste a conseillé l’équipe de rédaction pour la publication de cet article. Nadia Cifarelli (BSc Psychologie, dipl. de conseillère en santé holistique) travaille aux conseils de santé d’Helsana. Elle aide la clientèle sur les questions relatives à la prévention, la nutrition et la santé mentale.
Tous les mois, apprenez-en plus sur les thèmes importants liés à la santé et obtenez toutes les informations sur les offres attrayantes des sociétés du Groupe Helsana * tout simplement par e-mail. Abonnez-vous gratuitement à notre newsletter:
Vos données n’ont pas pu être transmises. Veuillez réessayer ultérieurement.
* Le Groupe Helsana comprend Helsana Assurances SA, Helsana Assurances complémentaires SA et Helsana Accidents SA.