Proches des personnes dépendantes : aide et entraide

Pour les proches des personnes dépendantes, une addiction est un poids. La famille mais également les amies et amis pâtissent de la situation. Ils n’ont pas à porter ce lourd fardeau seuls. Eux aussi peuvent avoir besoin d’aide.

21.03.2023 Nina Merli 3 minutes

Les proches des personnes dépendantes partagent leur souffrance

Ils vivent sous le même toit qu’une personne alcoolique ou se battent contre la ludopathie de leur adolescent : en Suisse, environ 500 000 personnes ont dans leur famille un membre souffrant d’une addiction. En tant que proches de personnes dépendantes, tous partagent leur souffrance mais sont dans la majorité des cas désarmés face à la situation. Cette impuissance est frustrante.

Les proches se sentent tristes, désemparés et développent souvent des sentiments de culpabilité ou de honte : on trouve des excuses afin d’éviter les contacts sociaux et on se renferme de plus en plus. Tous ces facteurs peuvent déclencher des problèmes psychiques et les âmes charitables deviennent elles-mêmes des personnes en détresse.

Aide aux proches de personnes dépendantes

Un soutien professionnel ou des groupes d’entraide ont des effets positifs démontrés sur les proches de personnes dépendantes. Outre les psychologues ou médecins, les services de consultation en addiction prodiguent également des conseils aux proches. Les consultations sont gratuites dans de nombreux cantons.

Les proches souffrent de maladies liées au stress

Les proches de personnes dépendantes se tournent rarement vers une aide spécialisée, ou lorsqu’elles le font, c’est souvent très tardivement. Les conséquences peuvent être graves : les études montrent que les proches présentent un risque accru de souffrir de maladies dues au stress, par exemple des troubles du sommeil ou des états dépressifs qui peuvent même mener jusqu’à des pensées suicidaires.

Du point de vue physique, des nausées, une tension artérielle trop élevée et d’autres troubles peuvent survenir. Ces symptômes montrent à quel point la charge mentale peut être énorme pour l’entourage. Cela vaut la peine de demander une aide professionnelle suffisamment tôt, avant d’être soi-même au bout du rouleau en tant que proche. 

Conseils pour les proches de personnes dépendantes

En tant que proche de personnes souffrant d’une addiction, on aimerait leur venir en aide, sans toutefois négliger nos propres besoins. C’est un processus difficile mais important. 

Michel Sutter, coach en addiction, n’a pas touché à la drogue depuis douze ans. Aujourd’hui, il vient en aide aux personnes ayant des problèmes de dépendance et à leurs proches. Dans la vidéo, il explique ce qu’il conseille à l’entourage des personnes concernées et pourquoi ce dernier devrait également bénéficier d’une aide professionnelle.

Ce que vous pouvez faire :

  • Acceptez le fait que l’addiction de votre être cher est une maladie. 
  • Choisissez un moment opportun pour nouer le dialogue et abordez le problème. 
  • Montrez à la personne dépendante que vous souhaitez l’aider à sortir de l’addiction, mais laissez-lui la responsabilité. Fixez des limites.
  • Proposez aux enfants touchés la possibilité de discuter de leurs préoccupations et de leur souffrance sans craindre de trahir leur famille ou d’humilier le parent concerné.
  • Recherchez pour vous-même une aide de la part de professionnels et n’attendez pas trop longtemps. 
  • Accordez-vous des moments de détente et prenez soin de vous. 

Ce à quoi vous devriez renoncer :

  • N’endossez pas les obligations de la personne concernée.
  • Ne donnez pas d’instructions à la personne concernée mais posez-lui plutôt des questions.
  • Ne jugez pas la personne concernée mais parlez plutôt de vos propres sentiments.

Il n’est pas facile de détecter un problème d’addiction. Le passage d’une consommation de plaisir à une consommation problématique est progressif. De plus, les personnes souffrant d’une addiction consomment souvent en secret. Les signes d’une possible addiction à l’alcool peuvent être les suivants : on boit de plus en plus et de plus en plus souvent. En effet, une dose d’alcool toujours plus importante est requise pour ressentir les mêmes effets. La personne concernée délaisse ses centres d’intérêt et ses loisirs.

Modèles comportementaux des personnes alcooliques

Les effets d’une addiction à l’alcool peuvent être extrêmement pénibles pour les proches des personnes alcooliques : un comportement agressif, des crises de colère voire des violences domestiques sont les effets possibles d’une addiction à l’alcool dans les relations. Le retrait de la vie sociale peut également constituer un indice d’un comportement addictif. Le problème d’une personne alcoolique est souvent minimisé voire renié. Un comportement irritable envers le ou la partenaire ou les enfants est également fréquent.

Conseils pour les proches de personnes alcooliques

Observez votre propre consommation d’alcool et réduisez-la si nécessaire. Cherchez le dialogue si vous avez l’impression que votre partenaire boit trop. Veillez à dialoguer lorsque votre partenaire est sobre.

Soyez serviable mais également déterminé : mettez la nécessité d’un soutien professionnel en évidence. Contactez des services spécialisés ou des groupes d’entraide spéciaux si vous êtes bloqué·e ou que vous ne pouvez pas faire face à la situation.

Aide aux proches de personnes alcooliques

Vous trouverez plus haut d’autres adresses dans la rubrique « Aide aux proches ».

La cocaïne provoque-t-elle une modification de la personnalité ? À quoi reconnaît-on le comportement d’une personne dépendante à la cocaïne ? Quels sont les principaux indicateurs ?

Comportement des personnes dépendantes à la cocaïne

En cas de consommation régulière, le comportement d’une personne dépendante à la cocaïne devient de moins en moins social : la personne témoigne peu d’empathie pour ses semblables, en particulier pour ses proches. Une personne souffrant d’une addiction à la cocaïne est souvent agitée et irritée. La perte de libido et l’isolement social peuvent également être des symptômes d’une addiction à la cocaïne.

Vous en apprendrez davantage sur les thèmes de l’addiction à la cocaïne et des drogues dans cet article :

Toxicomanie : effets et conséquences de la cocaïne et Cie

Conseils pour les proches de personnes dépendantes à la cocaïne

À l’instar du problème d’alcool, l’addiction à la cocaïne est très personnelle et difficilement décelable. Des services spécialisés ou des groupes d’entraide peuvent apporter une aide ciblée.

Aide aux proches de personnes dépendantes à la cocaïne

  • Trouver des services de consultation sur les addictions dans votre région : indexaddictions.ch
  • Plateforme d’information d’« Addiction Suisse » pour les proches : proches-et-addiction.ch
  • Service de consultation en ligne sur les questions d’addiction : safezone.ch

Vous trouverez plus haut d’autres adresses dans la rubrique « Aide aux proches ».

Accro au portable ? L’addiction au téléphone portable n’est pas encore reconnue comme une dépendance clinique. Toutefois, le smartphone fait partie intégrante de notre quotidien. En particulier les enfants, les adolescents et les jeunes ne maîtrisent souvent plus leur consommation numérique. Pour les parents, cette situation peut représenter un véritable défi.

Symptômes de la nomophobie

Si des personnes réagissent avec nervosité ou irritation lorsqu’elles oublient leur portable à la maison ou que la batterie est à plat, elles ont vraisemblablement un problème de consommation du portable. Le terme « nomophobie » est également utilisé dans ce cadre. Ce mot composé découle de « No-Mobile-Phone-Phobia ». Les symptômes typiques d’une nomophobie sont les suivants : symptômes de sevrage tels que la nervosité et l’anxiété, le stress si le portable est éteint, impression d’être perdu·e ou « nu·e » lorsque le portable n’est pas à proximité, besoin et désir intenses de récupérer le téléphone portable.

Nomophobie : suis-je accro au portable ?

Conseils pour les proches de personnes accros au portable

Cherchez le dialogue avec la personne concernée et faites-lui part de vos préoccupations. Il est important d’être valeur d’exemple, en tant que parent mais également en tant que partenaire. Les conseils suivants peuvent contribuer à la prévention ou apporter de l’aide en cas de consommation problématique : limiter sa propre durée d’utilisation des écrans, bannir le portable de la chambre à coucher la nuit et fixer des créneaux horaires sans appareil numérique très ciblés pendant lesquels on renonce sciemment à l’utilisation du portable. Chez les enfants : installez des applications qui contrôlent ou limitent le temps d’utilisation du portable.

Aide aux proches de personnes accros au portable

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En particulier pour les parents, l’addiction au jeu de leurs enfants peut devenir particulièrement pesante. Les notes scolaires en baisse peuvent indiquer une ludopathie.

Symptômes de la ludopathie

Dans ce domaine, les symptômes chez les enfants et les adultes sont similaires : en cas d’addiction au jeu, les personnes concernées perdent souvent leur intérêt pour leurs loisirs ou leurs amitiés et négligent les tâches importantes. Devoir renoncer à des jeux et être limité dans ce domaine peut entraîner de vives réactions. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini officiellement la ludopathie comme un tableau clinique en 2018. 

Identifier les autres signes d’une addiction aux jeux informatiques et les effets d’une telle addiction :

Comment le temps devant les écrans influe-t-il sur notre santé ?

Conseils pour les proches des personnes dépendantes au jeu

Les parents qui constatent une addiction aux jeux vidéo chez leur enfant devraient rechercher le dialogue et signaler à l’enfant qu’ils se font du souci. Fixez des règles ensemble. Réduisez par étapes la durée de jeu. Rappelez à l’enfant ses anciens loisirs. Entreprenez des choses ensemble. Comme la ludopathie est un problème à prendre au sérieux, il existe désormais des programmes thérapeutiques spécifiques – les services de consultation sur les addictions pourront vous renseigner. 

Si votre partenaire est concerné·e par une addiction aux jeux, la première étape peut consister à mener un entretien de clarification dans lequel vous faites part de votre inquiétude. Formulé de manière positive, vous pouvez faire part à votre partenaire de votre souhait de structurer votre vie commune.

Aide aux proches des personnes accros au jeu

Vous trouverez d’autres adresses à la rubrique « Aide aux proches », plus haut.

Qu’il s’agisse d’addiction à l’alcool, aux jeux en ligne, à l’achat compulsif, à la pornographie, à la cocaïne ou à l’héroïne : toute forme de dépendance constitue un problème non seulement pour les personnes concernées, mais également pour leur famille, leurs amis et leurs connaissances. Demandez de l’aide si, dans votre entourage proche, vous êtes en contact avec une personne dépendante et souffrez de cette situation. Vous n’avez pas à porter seul ce lourd fardeau.

Addiction Suisse

Les expertes et experts d’Addiction Suisse ont conseillé l’équipe de rédaction pour la publication de cet article. Cette fondation indépendante d’utilité publique est le centre national de compétences pour la prévention, la recherche et la diffusion des savoirs dans le domaine des addictions.

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