Douleurs chroniques : que faire ?

En Suisse, 1,5 million de personnes souffre de douleurs chroniques, la plupart quotidiennement ou encore plus fréquemment. La perception de la douleur étant propre à chaque personne, il est difficile d’évaluer des symptômes individuels, voire de les comparer. Toutefois, le fait est que les douleurs chroniques nuisent grandement à la qualité de vie. Pour réussir à traiter des douleurs chroniques, il faut en connaître la cause.

Nous percevons tous rapidement les douleurs aiguës : elles surviennent directement après des blessures ou des maladies. Mais que faire si elles ne disparaissent pas ? À la question : « à partir de quand des douleurs deviennent-elles chroniques ? », la réponse est : lorsqu’elles persistent pendant trois à six mois, voire plus longtemps. Lorsque les douleurs perturbent le quotidien, on les qualifie aussi de syndrome douloureux chronique.

Des douleurs chroniques peuvent se développer à la suite de lésions tissulaires dans le cadre desquelles des stimuli de douleurs persistantes sollicitent excessivement les cellules nerveuses. Ces signaux douloureux récurrents peuvent alors engendrer une sorte de « mémoire de la douleur » dans laquelle patientes et patients ressentent des douleurs dès la présence d’un faible stimulus de la douleur. Ces messages de douleur, transmis à notre cerveau par nos nerfs, sont vitaux depuis l’éternité parce qu’ils nous avertissent des dangers. Ce « système d’alarme » du corps est néanmoins mis à l’épreuve lors de douleurs chroniques.

Les douleurs chroniques peuvent se manifester de multiples façons et sont propres à chaque individu. Transpiration, nausées, clignement des yeux et muscles frontaux tendus comptent parmi les signes perceptibles des douleurs ressenties. L’hypertension artérielle aussi.

En cas de persistance de douleurs sur une durée prolongée, on fait appel aux spécialistes correspondants. Dans un premier temps, médecins et thérapeutes doivent localiser la douleur et identifier ce qui la déclenche. Les antécédents médicaux et la description qu’en fait personnellement le patient ou la patiente jouent alors un rôle tout aussi important que les examens physiques. Les questions suivantes aident à définir les douleurs :

• Y a-t-il une pathologie préexistante (p. ex. cancer, diabète, hernie discale) ?
• La douleur est-elle ressentie dans le dos, dans l’abdomen, les bras, les jambes ou la tête ?
• La douleur peut-elle provenir de la colonne vertébrale, du bassin, des muscles, des articulations ou des nerfs ?
• Quand la douleur survient-elle, à quel moment de la journée ?
• La douleur augmente-t-elle lors d’activités physiques spécifiques ou de contraintes, ou plutôt dans des phases de repos ?

Ainsi, on parvient non seulement à localiser les douleurs chroniques, mais également à établir des causes possibles.

Maux de tête

Des maux de tête chroniques survenant pendant 15 jours ou plus sur trois mois peuvent être provoqués par une mauvaise posture, faire suite à un accident ou apparaître en réponse à une contrainte psychique. On trouve aussi parmi les symptômes des maux de tête chroniques la perte d’appétit, des nausées et une sensibilité accrue à la lumière, au bruit et à certaines odeurs.

Douleurs dorsales

Plus de 90 % des problèmes dorsaux ne sont pas provoqués par une hernie discale, mais sont dus à des tensions musculaires, des mauvaises postures ou trop peu d’activité physique au quotidien.

Si les douleurs dorsales aiguës sont généralement de courte durée, des douleurs dorsales chroniques peuvent en découler dans certaines circonstances. En cas de douleurs intenses, les récepteurs de la douleur sont en mesure « d’enregistrer » ces douleurs chez les personnes concernées, qui les ressentent donc encore même si leur cause est déjà guérie. Le manque d’activité physique dû à une position antalgique ainsi que des maladies, comme les rhumatismes ou l’ostéoporose, peuvent également favoriser les douleurs dorsales chroniques. 

Une approche utilisée pour les douleurs chroniques très complexes et tenaces est le traitement multimodal de la douleur. Ce traitement multidimensionnel réunit des thérapies de différents domaines : des médicaments à des méthodes telles que l’acupuncture, en passant par les antalgiques et la physiothérapie.

Pour les douleurs chroniques, le traitement de la douleur donne de bons résultats chez les patientes et patients disposé·e·s à changer des choses et ouvert·e·s aux nouvelles approches de traitement. En parvenant à harmoniser ainsi le corps et l’esprit, les chances de guérison des douleurs chroniques sont réelles.

Parfois, les douleurs chroniques n’ont pas de cause physique. La souffrance mentale peut pourtant être tout aussi douloureuse. Notre psychisme joue un rôle majeur dans la sensation de la douleur, mais aussi dans le processus visant à surmonter des douleurs chroniques.

Les éléments suivants font partie des facteurs psychologiques susceptibles de générer des douleurs chroniques :

• Le sommeil – en particulier un sommeil perturbé par des douleurs, avec l’intensification de la douleur pour conséquence du manque de sommeil : il se crée un cercle vicieux
• L’humeur – l’état d’esprit, le stress, le traumatisme et la dépression peuvent renforcer la perception de la douleur : si des douleurs chroniques peuvent provoquer une dépression, une dépression aussi peut déclencher des douleurs chroniques
• Les stratégies de gestion – les personnes issues de milieux socialement et économiquement défavorisés souffrent plus fréquemment de douleurs intenses et chroniques que les individus plus aisés

Dans de rares cas, des douleurs chroniques dues à une cause exclusivement psychique peuvent survenir également. Néanmoins, seul·e un·e spécialiste sera en mesure de les diagnostiquer.

Lorsque le corps ne réussit pas à éliminer ces tensions émotionnelles, il peut en découler des troubles physiques comme des maux de tête, des tensions musculaires, des problèmes digestifs et l’épuisement. Si ces douleurs deviennent chroniques, il est judicieux de mettre en place une psychothérapie permettant d’encourager parfois aussi la résilience, c’est-à-dire la force intérieure.

Sont jugées chroniques les douleurs qui persistent au-delà de trois à six mois. Il est souvent difficile de classer ces fortes douleurs chroniques. On peut pourtant retrouver une vie plus légère avec l’aide de spécialistes et d’un traitement de la douleur ciblé. Le rôle majeur du psychisme, y compris dans les douleurs chroniques, est incontestable. Toute personne qui continue à pratiquer une activité physique malgré ses douleurs, apprend à renforcer ses ressources personnelles et s’informe des formes de traitement possibles, a toutes les chances d’être libérée de ses douleurs à l’avenir.